Logiciels et licences libres

Pourquoi nous militons pour l’utilisation licences libres

Nous présentons ci-dessous quelques informations à propos des licences libres et leurs implications et avantages dans nos sociétés. Les logiciels libres, en tant que logiciels soumis à une licence libre, sont également introduits, de même que leurs avantages.

A quoi renvoient les logiciels et licences libres?

Dans la plupart des pays, les oeuvres sont généralement soumises au Droit d’auteur qui fait la distinction entre les auteur·e·s, créateur·e·s ou propriétaires légaux de l’oeuvre, et les utilisateur·e·s.

Par “oeuvre”, on entend ici un objet, physique ou de l’esprit, issu de la production humaine. Par exemple: un outil, un texte, un concept, une musique, une image, un logiciel, etc.

Il existe une grande quantité de licences disponibles permettant de réglementer l’utilisation et la modification d’une oeuvre, mais une oeuvre est dite sous “licence libre” si ses auteur·e·s garantissent aux utilisateurs a minima les 4 droits/libertés irrévocables suivant·e·s]1:

  • droit/liberté d’utiliser l’oeuvre sans restriction d’usage;
  • droit/liberté d’étudier et de modifier l’oeuvre;
  • droit/liberté de distribuer des copies de l’oeuvre originale;
  • droit/liberté de distribuer des copies de l’oeuvre modifiée.

A noter que la notion d’argent n’apparaît nulle part dans ces 4 droits/libertés. Cela montre que l’accès à une oeuvre libre peut aussi être payant et que libre n’est pas synonyme de gratuit. Dans la pratique néanmoins, beaucoup d’oeuvres sous licence libre proposent une utilisation gratuite ou très accessible (par rapport à des oeuvres similaires non-libres).

Différentes licences libres existent à l’heure actuelle, chacune adaptée au type d’objet qu’elle licencie (ex: logiciel, musique, machine outil) et dépendant des volontés des auteur·e·s de l’oeuvre d’ajouter des droits/libertés supplémentaires aux utilisateur·e·s.

Un logiciel est donc appelé “logiciel libre” si sa licence d’utilisation est elle-même libre. Un corolaire important d’un logiciel sous licence libre est l’accès à son code source2 3.

Certaines licences libres sont plus connues que d’autres. Sans rentrer dans les détails, nous pouvons en citer les principales (pour plus de détails et de licences, voir4):

“Choix d’une licence Creative Commons” de DSwissK (contributeur sur Wikipedia). Licence CC BY-SA 4.0

Choix d’une licence Creative Commons” de DSwissK (contributeur sur Wikipedia). Licence CC BY-SA 4.0

Ces différentes licences libres ont toutes pour point commun le respect d’au moins 4 droits/libertés irrévocables énuméré·e·s ci-dessus.

Pourquoi les licences libres sont-elles importantes?

Les licences libres et les oeuvres qu’elles licencient sont régulièrement jaugées sur l’aura technique des oeuvres: “tel logiciel libre est plus puissant que sa contrepartie propriétaire”, “tel logiciel non-libre est le standard de facto et donc plus raisonnable à acheter en entreprise”, “tel concept a coûté tellement cher à développer qu’il est normal que sa copie soit impossible”, etc.

Ces arguments “techniques”, bien qu’intéressants, ont tendance à escamoter un aspect pourtant central du débat. En effet, au delà de l’aspect technique, fonctionnel, il faut se poser la question suivante qui, selon nous, est centrale:

Dans quel état seraient nos civilisations humaines, pour peu qu’elles puissent exister, si la plupart des oeuvres produites n’avaient pas été librement utilisables par tout un chacun dans l’Histoire? Dans quel état seraient nos civilisations si le feu, la roue ou le concept d’habit n’était pas “libres” et que seuls une poignée d’individus disposaient de tous les droits sur ces oeuvres pourtant essentielles à notre existence?

Ethiquement, les licences non-libres ne se justifient pas selon nous car elles favorisent le statu quo sur toute une série de points que nous devrions pourtant changer pour un futur plus serein. Citons par exemple:

  • la lutte contre les inégalités et les discriminations subies par les groupes minoritaires (des groupes “en état d’infériorité”);
  • la lutte contre la fracture numérique;
  • la lutte pour plus de durabilité en faveur des écosystèmes (dont l’être humain fait partie);
  • la lutte pour plus de transparence et de démocratie;
  • etc.

Ces quelques points, énumérés à la volée, peuvent sembler éloignés du phénomène des licences et du droit d’auteur. Mais il faut alors se souvenir qu’avec une licence non-libre, le propriétaire de l’oeuvre dispose d’un agenda propre qui n’a pas besoin d’être aligné sur l’intérêt des utilisateurs ou de la société en général. Le propriétaire peut donc, pour des raisons mercantiles ou de recherche de pouvoir par exemple, décider de maintenir les utilisateurs de l’oeuvre dans un état de dépendance à son égard, voir même d’aller à l’encontre de l’intérêt direct des utilisateurs et de la société.

Ce dernier paragraphe pourrait faire sourire certain·e·s, mais c’est oublier, par exemple, que le Capitalisme de Surveillance, fondé sur l’utilisation d’oeuvres non-libres (même si parfois utilisées gratuitement), pèse à l’heure actuelle plusieurs centaines de milliard de dollars annuels… sans que les individus surveillés n’en bénéficient d’une fraction, bien au contraire.

Face à cela, les licences libres rendent possible une utilisation sans entrave des oeuvres, une appropriation et un développement futur plus démocratique (ce n’est bien sûr pas une relation de cause à effet mais bien une possibilité qui est offerte). De cette appropriation plus collective découlent alors les avantages techniques et fonctionnels éventuels de l’oeuvre libre. Par exemple:

  • le logiciel libre est plus efficient, i.e. plus puissant à consommation de ressource égales;
  • Parce qu’il est construit de manière plus indépendante, le logiciel libre permet de démultiplier la durée de vie des appareils libres et est donc beaucoup plus durable (par exemple5);
  • la fracture numérique de certaines minorités se réduit grâce à l’accès facilité, voir gratuit, des programmes, données et concepts;
  • les licences libres permettent le respect de standards démocratiquement et utilement choisis (et pas des standards de facto favorable à une entreprise déjà très favorisée) (par exemple6).
  • etc.

Nous pourrions citer encore de multiples exemples d’intérêt à utiliser des oeuvres sous licence libre, mais l’aspect éthique des licences libres priment.

En guise de conclusion…

“Tu dis : « Cette pensée est à moi. » Non mon frère,
Elle est en toi, rien n’est à nous.
Tous l’ont eue ou l’auront. Ravisseur téméraire,
Au domaine commun bien loin de la soustraire,
Rends-la comme un dépôt : Partager est si doux !”

— Henri-Frédéric Amiel, Rien n’est à nous7 (cité par8)

Les oeuvres libres sont à la disposition de tout·e·s. Profitez-en pour les utiliser et les modifier “comme bon vous semble”, pour autant que l’esprit de la licence initiale soit respecté. Faites en aussi profiter vos proches…

En ce qui concerne les logiciels libres, dont GNU/Linux fait partie, ils peuvent être installés sur vos appareils numériques. GNU/Linux est d’ailleurs le système d’exploitation les plus utilisé sur terre (et dans l’espace :-). En tant qu’acteur militant, Itopie Lausanne se tient à votre disposition pour tout conseil et demande. Venez-nous trouver et nous nous ferons un plaisir de vous renseigner gratuitement sur les possibilités offertes par les logiciels libres.

Les références

1.
Wikipedia. Licence libre. (2023).
2.
Projet GNU & Free Software Foundation. Qu’est-ce que le logiciel libre? (2023).
3.
4.
GNU Project. Licences commentées. (2023).
5.
6.
7.
Henri-Frédéric Amiel. Rien n’est à nous. (1880).
8.
Wikipedia. Culture libre. (2023).